mardi 13 juillet 2010

14h12, Pantin, France




Quelques notes après mon retour de Pantin où je viens de repérer de façon plus précise certains des décors du projet Elephant 3.0.

Le traitement du fait-divers de Columbine est une lecture possible du film mais c'est loin d'être la plus intéressante, c'est un prétexte, un alibi pour entrer dans le campus.

Ce qui fascine le plus c'est la volonté photographique qui est énoncée très rapidement et très distinctement dès le début du film. Une des premières séquences montre Elias, jeune photographe dans un parc près de son lycée, appareil à la main, il aborde deux adolescents et leur demande s'ils acceptent d'être pris en photo. Finalement Gus Van Sant va avoir la même démarche tout au long de son film : il va portraiturer et ce n'est pas le portait de la jeunesse américaine qu'il veut faire, c'est le portrait très particulier d'une dizaine de visages choisis (comme le fait Elias) presque au hasard des couloirs d'un lycée.

Le film c'est eux ! et c'est sans doute pourquoi les prénoms des personnages centraux (qui sont logiquement les mêmes que ceux des comédiens) viennent chapitrer le récit.
L'idée centrale de Elephant 3.0 tourne bien écidemment autour de cela : faire une série de portraits et arriver à capter les expressions propres et les plus véridiques possibles des visages photographiés même si le dispositif dans lequel ils seront placés (il faudra rejouer le film) risque d'être antinaturel.

Penser à cette phrase de Bresson : "Je vous invente comme vous êtes"

C'est vrai que l'idée de reproduire les plans est possiblement une grosse contrainte et pourtant c'est un challenge très excitant et plutôt que de parler de reproduction, je préfère parler de reprise car il y a plus encore dans ce mot le sens de continuation.
Il s'agit bien d'avancer : de se servir de détails précis inscrits dans le film, de gestes, de postures mais comme d'une base et d'arriver à proposer autre chose.

C'est par ailleurs attirant de faire cet exercice à partir d'un film de GVS qui s'est toujours intéressé de près à la problématique (il a refait à l'identique le Psycho de Hitchcock, Elephant est ouvertement inspiré du film éponyme d'Alan Clarke, il joue ici clairement avec des codes de son précédent film Gerry, etc ...)

L'autre grande astreinte (apparente) sera de proposer des images qui arriveront à remplir (et non à condenser) les grandes étendues des plans séquences et qui parviendront à conserver l'incroyable mobilité et les circulations multiples du film.

Au final, est-ce que les photographies issues du film mais redéployées ailleurs viendront raconter quelque chose ? diront-elles la même chose que dans Elephant, diront-elles quelque chose sur les modèles choisis ?

A suivre ..

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bon post.

Zabriskiepoint a dit…

Merci !

Anonyme a dit…

Awesome informations, merci beaucoup à l'article de l'écrivain. Il est compréhensible pour moi maintenant, l'efficacité et l'importance est ahurissant. Merci encore une fois et bonne chance!

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