mardi 10 juillet 2012

{de la correspondance}

ce blog continue désormais ailleurs
loin de la toile
pour rebondir sur du vrai papier


{de la correspondance}

jeudi 8 mars 2012

20h12, Paris, France


Vernissage ce soir d’une exposition à la galerie de la librairie le 29.

L’occasion de rebondir sur deux questions récurrentes qui, je crois, n’ont pas fini de tourner : comment montrer ? comment faire venir ?

Comment montrer dans un lieu déjà chargé de beaucoup d’images ? comment s’inscrire au milieu des livres de photographies, au milieu des bibliothèques, dans les vitrines ? La contrainte est toujours intéressante, elle pousse toujours à la réflexion. Il a donc fallu imaginer un parcours possible des yeux : d’abord vers le haut, au dessus des blocs de livres avec des moyens et grands tirages et puis jouer sur la superposition des motifs, trouver une place possible au milieu même des rangées de livres, placer des tirages comme des ouvrages, brouiller un peu les pistes, jouer (encore) sur l’idée de couverture.

Deuxième question : comment faire venir ? comment susciter le désir ? comment annoncer ? relancer ? c’est un point épineux, fragile. J’ai toujours l’impression d’en faire trop, d’insister et quand on enfonce trop le clou on finit toujours par se faire mal au doigts.

vendredi 2 mars 2012

11h34, Paris, France


Deuxième courte séance avec Xavier (acteur épatant). Comme souvent je dirige très peu, le portait envisagé comme un documentaire, est quelque chose qui me convient tellement. Autant j’aime être précis dans le geste, autant je déteste imposer une expression.

Naturellement, le sourire est souvent timide voire absent. C’est quelque chose qui ne me dérange pas du tout, bien au contraire. J’ai un problème avec le sourire, c’est souvent un paravent, c’est une séduction trop immédiate qui, trop souvent, vient réduire l’intensité du regard.

J’ai une préférence pour les visages graves,

pour les yeux perdus,

pour les têtes penchées …

jeudi 1 mars 2012

22h22, Paris, France

Je comprends pleinement aujourd’hui pourquoi j’ai choisi ce titre pour le présent blog. Au-delà de la fascination du film, de la ville, je me rends compte que je suis encore au début d’une route bien longue et bien sinueuse. Parfois elle débouche sur de très belles surprises et de grandes satisfactions, parfois elle surprend par sa sécheresse. J’ai eu cette naïve sensation qu’il semblait possible de s’arrêter sur des aires connues pour reprendre un peu de carburant. C’était un traquenard.

Alors il faut continuer à suivre Mulholland, choisir la bonne voie, éviter les raccourcis et les itinéraires trompeurs.

dimanche 5 février 2012

13h07, Paris, France


Autre séance miraculeuse. La lumière était là, le décor suffisamment large et surtout le modèle plus qu’éclairant. Longue séance avec Y. qui m’a surpris par ses propositions, par la douceur et la crudité de ses gestes. Tout me semblait beau et il y avait cette nécessite absolue pour moi de capter ces moments-là, sans les dénaturer, sans les trahir.

Même si le silence a régné pendant deux heures, la connexion s’est parfaitement faite, je me suis senti présent, volontaire, directif.

mardi 20 décembre 2011

11h54, Paris, France


La danse comme le sport c’est un catalogue vivant et continu de gestes, une transformation du corps qui me fascine. Ca faisait très longtemps que je voulais faire quelque chose avec Cédric Andrieux, danseur magnifique. Nous avons d’abord fait une première séance dans un cadre brut où un même geste était répété. Il s’agissait pour moi de varier le cadre, les plans pour arriver à découper ce geste de la meilleure façon. Je n’y suis pas totalement arrivé. Alors une seconde idée est venue : changer littéralement de décor, partir vers quelque chose de très chargé, de très signifiant et de voir comment le corps du danseur pouvait réagir (et moi aussi)

J’ai laissé Cédric danser dans les pièces du Musée de la Chasse et de la Nature et presque sans recul, j’ai photographié, totalement submergé par autant de beauté en même temps.

Je ne sais pas si j’ai réussi à signer mon regard sur ce spectacle ou si j’ai « simplement » enregistré.

mercredi 23 novembre 2011

09h45, Paris, France



Il y avait au départ cette question de format. L’idée d’un travail inédit pour moi autour de ce que l’on appelle le format portrait, ce rapport vertical à l’image. Fritz Lang qui n’aimait pas beaucoup le cinémascope disait qu’il n’était utile que pour filmer des serpents ou des enterrements. Je crois, comme lui, qu’il faut penser son cadre, réfléchir à ce qui va le remplir. Alors les jambes sont apparues comme quelque chose d’évident, la longitude mobile, la proposition riche de postures, le muscle et le corps en même temps. Le corps morcelé est devenu une représentation presque banalisée depuis les trouvailles de Mapplethorpe, Helmut Newton, Guy Bourdin, les polaroids de Warhol et avant eux, les peintres de la Renaissance. Il ne s’agissait pas de se démarquer mais de conserver comme dispositif génétique et pour chaque modèle, cette mesure : capter entre le nombril et le bout des pieds.

Avec un peu de recul, je vois ce qui marche : la dynamique de la collection et ce qui fonctionne moins bien : les jambes flottent un peu trop, il manque quelque chose, peut-être un socle, une base plus lourde où les jambes auraient pu se poser …

samedi 19 novembre 2011

14h00, Paris, France


En pleine séance pour duet box, je module avec émotion mon dispositif. Je demande aux deux frères que je dois photographier de se regarder sans parler, celui qui n’est pas photographié est derrière moi et l’autre devant l’objectif. Les yeux se chargent différemment, c’est bien.

vendredi 9 septembre 2011

22h13, Paris, France


Pendant tout l’été je me suis amusé à replonger dans mes jeunes archives, à tout mettre à plat : les images que je trouvais meilleures et les autres mises de côté. Depuis quelques années je ne jette rien et c’est toujours surprenant de réveiller les disques durs. Très vite l’idée de regrouper certaines images est arrivée, de trouver entre elles des correspondances évidentes ou souterraines. J’ai ainsi assemblé, trouvé des alliances surprenantes. Encore une fois, je me suis rendu compte de l’étendue des motifs et de nouveau je me suis dis que le champ exploré était minuscule, qu’il ne s’agissait de capter un même sujet. Le travail s’est fait en deux temps, d’abord sur le site puis il était important de le manufacturer, d’en faire un objet, une boite avec des feuillets libres, car les choses sont encore en cours, les séries continuent secrètement à s’alimenter.

mercredi 10 août 2011

15h23, Manchester, Grande-Bretagne


Deuxième partie du voyage dans la campagne anglaise. Le Yorkshire après le Sussex. La nature est totalement différente, moins luxuriante, moins aimable et pourtant tellement sensible. J’arrive juste après les émeutes qui ont secoué plusieurs villes autour de Londres. Je ressens cette détresse, dans les rues, sur les visages, c’est présent presque partout, même dans les magnifiques châteaux visités.

jeudi 4 août 2011

11h22, Paris, France


J’ai réalisé dans cet atelier magique de Menilmontant, où la lumière est présente à chaque fois, plusieurs séries de portrait, selon un même procédé : le modèle investit l’espace et je le suis dans ses courts déplacements. Je tourne autour de lui, je m’éloigne, je me rapproche, à la levée, sans contraintes techniques ni éditoriales. Je fais cela totalement pour moi, sans savoir où cela me mène. Ca ne fonctionne jamais de la même façon, les forces de propositions ne sont jamais les mêmes et pourtant je suis touché à chaque fois par ce court abandon des sujets. C’est pour moi un cadeau sans prix. J’en profite alors pour remercier ici, chaque visage qui a, généreusement, accepté que je puisse ainsi le regarder.

vendredi 29 juillet 2011

17h00, Pantin, France


C’est toujours difficile de terminer. Parfois j’ai l’impression de piétiner, de saturer, de ne pas arriver à aller où je voudrais. Parfois j’ai l’impression de survoler les séances, de contourner mon sujet. Parfois j’ai l’impression de m’être trompé de modèles, de me rendre compte que je ne peux aller beaucoup plus loin avec lui, que je n’ai pas su m’y prendre, que l’entreprise que j’ai débutée est énorme, sans fin possible. Et puis parfois, je ressens une douce vibration qui me dit que je suis juste, à la bonne place, face à la bonne personne et que le geste que je capte est beau.

samedi 9 juillet 2011

14h55, Pantin, France



Elephant 3.0, saison 2, c'est reparti pour un tour. J'espère le final, je retrouve les mêmes décors, certains visages de l'été dernier. C'est touchant de voir comment ils ont évolué, changé un tout petit peu. Puis des nouveaux vont arriver. Prendre un an entre les deux sessions a finalement été une respiration heureuse. J'ai pu laisser travailler les images doucement, ce sont elles qui se sont manifestées. J'ai découvert des parties encore insoupçonnées du film, explorer d'autres gestes, d'autres détails, pointer ce qui manquait, ce qui était en trop, ce qu'il fallait refaire ou perfectionner. J'arrive aussi à prendre plus de libertés, déplacer des motifs d'un plan à l'autre, avoir plus de recul pour trouver une lecture des portraits plus unie, plus cohérente. Je me rends compte que les visages sont plus mélancoliques que dans le film, moins insouciants alors je me raccroche à cette phrase de Chateaubriand : plus le visage est sérieux, plus le sourire est beau.

vendredi 8 juillet 2011

20h02, Saint-Denis, France



Stade de France, meeting d'athlétisme Areva, Jump Around ! C'était comme un rêve éveillé, être au beau milieu de la concentration, de l'effort, du muscle et du relâchement, être si près de son sujet. Mes yeux ne savaient plus où s'arrêter, je me suis un peu éparpillé mais j'ai pris un plaisir fou à capter, dans ses conditions optimales, ces grands athlètes et j'ai hâte de recommencer en trouvant un dispositif sur lequel il faudra réfléchir plus rigoureusement.

samedi 25 juin 2011

15h28, Paris, France


C'est l'une de mes obsessions du moment, travailler sur l'ensevelissement, sur cette enveloppe variable qui recouvre les sujets et les paysages. Il y a bien entendu une passerelle rêvée avec le cinéma, parler du fondu.
Je veux le triturer, le décomposer, l'étirer au maximum, étudier sa mécanique.
J'ai une idée très précise de ce que je veux faire mais c'est un pari fou et coûteux, alors pour l'instant j'expérimente. L'occasion de faire une nouvelle publication et de me lancer enfin dans la reliure fait main !!! Ca s'appelle Fade into you, en souvenir ému du morceau de Mazzy star.

jeudi 16 juin 2011

14h33, Paris, France


C'est toujours compliqué de capter l'esprit d'une exposition, de respecter les oeuvres, de faire exister le dispositif avec un peu de singularité et beaucoup de sincérité. Il faut trouver la bonne place, la place juste, celle où son regard va directement vers le sujet, quitte à ce qu'il entraîne avec lui un bout de soi.


samedi 11 juin 2011

14h48, Paris, France



Encore des surprises, des gestes qui naissent beaux et qui se prolongent merveilleusement lors de la séance très familiale de Ce jour-là.
J'ai hésité à laisser le mur blanc mais finalement, c'est un écrin idéal, qui ne laisse pas trop le choix à l'oeil. La simplicité comme force centrifuge vers la posture.

vendredi 10 juin 2011

17h02, Paris, France




Retour au Grand Palais de chez Kapoor où j'ai compris qu'il fallait utiliser la bête non pas comme le sujet mais comme le décor.

ps : à revoir le Leviathan, je me dis que j'ai aussi compris ce qui me manquait : qu'il explose et que s'échappe de ses boules, l'inconnu !

lundi 30 mai 2011

13h13, Paris, France



Parfois je me demande s'il faut s'auto censurer. Se refuser de prendre certaines images. Par exemple faut-il prendre des photographies de l'installation de Anish Kapoor au Grand Palais ? Le dispositif est tellement photogénique, l'enjeu incontournable, le nombre d'images déjà produites tellement élevé ... Qu'est-ce qu'une image de plus va révéler ?
Faut-il se contorsionner pour imaginer être singulier ?
Résultat des courses : j'ai photographié, je me suis dit que peut-être la vie autour de l'objet, était aussi fort que l'objet lui-même !

dimanche 29 mai 2011

16h51, Paris, France




En pleine réflexion autour d'une nouvelle série de portraits où je voudrais décomposer une sorte de fondu au noir. Aller vers le noir par étapes et aussi interroger un dispositif de recouverte, de matière au dessus de l'image ... Alors encre ou peinture ? Bombe ou sérigraphie ? Le chantier débute ...

mercredi 4 mai 2011

10h23, Clamart, France




Je crois que le geste arrivera toujours à me surprendre. Charmante commande aujourd'hui autour d'une fratrie de 3 jeunes garçons plein d'énergie.

lundi 25 avril 2011

18h11, New-York, USA



Je n'y suis pas, mais 4 de mes images sont à New-York, dans la gallerie de Philipp et Martin, Arts and science projects (et encore visibles le week-end prochain). Les images inaugurent une nouvelle série, un mix entre montagnes et dos. Ca s'appelle La nature humaine et j'espère pouvoir en montrer quelques fragments en juin prochain à Paris.

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