mardi 20 décembre 2011

11h54, Paris, France


La danse comme le sport c’est un catalogue vivant et continu de gestes, une transformation du corps qui me fascine. Ca faisait très longtemps que je voulais faire quelque chose avec Cédric Andrieux, danseur magnifique. Nous avons d’abord fait une première séance dans un cadre brut où un même geste était répété. Il s’agissait pour moi de varier le cadre, les plans pour arriver à découper ce geste de la meilleure façon. Je n’y suis pas totalement arrivé. Alors une seconde idée est venue : changer littéralement de décor, partir vers quelque chose de très chargé, de très signifiant et de voir comment le corps du danseur pouvait réagir (et moi aussi)

J’ai laissé Cédric danser dans les pièces du Musée de la Chasse et de la Nature et presque sans recul, j’ai photographié, totalement submergé par autant de beauté en même temps.

Je ne sais pas si j’ai réussi à signer mon regard sur ce spectacle ou si j’ai « simplement » enregistré.

mercredi 23 novembre 2011

09h45, Paris, France



Il y avait au départ cette question de format. L’idée d’un travail inédit pour moi autour de ce que l’on appelle le format portrait, ce rapport vertical à l’image. Fritz Lang qui n’aimait pas beaucoup le cinémascope disait qu’il n’était utile que pour filmer des serpents ou des enterrements. Je crois, comme lui, qu’il faut penser son cadre, réfléchir à ce qui va le remplir. Alors les jambes sont apparues comme quelque chose d’évident, la longitude mobile, la proposition riche de postures, le muscle et le corps en même temps. Le corps morcelé est devenu une représentation presque banalisée depuis les trouvailles de Mapplethorpe, Helmut Newton, Guy Bourdin, les polaroids de Warhol et avant eux, les peintres de la Renaissance. Il ne s’agissait pas de se démarquer mais de conserver comme dispositif génétique et pour chaque modèle, cette mesure : capter entre le nombril et le bout des pieds.

Avec un peu de recul, je vois ce qui marche : la dynamique de la collection et ce qui fonctionne moins bien : les jambes flottent un peu trop, il manque quelque chose, peut-être un socle, une base plus lourde où les jambes auraient pu se poser …

samedi 19 novembre 2011

14h00, Paris, France


En pleine séance pour duet box, je module avec émotion mon dispositif. Je demande aux deux frères que je dois photographier de se regarder sans parler, celui qui n’est pas photographié est derrière moi et l’autre devant l’objectif. Les yeux se chargent différemment, c’est bien.

vendredi 9 septembre 2011

22h13, Paris, France


Pendant tout l’été je me suis amusé à replonger dans mes jeunes archives, à tout mettre à plat : les images que je trouvais meilleures et les autres mises de côté. Depuis quelques années je ne jette rien et c’est toujours surprenant de réveiller les disques durs. Très vite l’idée de regrouper certaines images est arrivée, de trouver entre elles des correspondances évidentes ou souterraines. J’ai ainsi assemblé, trouvé des alliances surprenantes. Encore une fois, je me suis rendu compte de l’étendue des motifs et de nouveau je me suis dis que le champ exploré était minuscule, qu’il ne s’agissait de capter un même sujet. Le travail s’est fait en deux temps, d’abord sur le site puis il était important de le manufacturer, d’en faire un objet, une boite avec des feuillets libres, car les choses sont encore en cours, les séries continuent secrètement à s’alimenter.

mercredi 10 août 2011

15h23, Manchester, Grande-Bretagne


Deuxième partie du voyage dans la campagne anglaise. Le Yorkshire après le Sussex. La nature est totalement différente, moins luxuriante, moins aimable et pourtant tellement sensible. J’arrive juste après les émeutes qui ont secoué plusieurs villes autour de Londres. Je ressens cette détresse, dans les rues, sur les visages, c’est présent presque partout, même dans les magnifiques châteaux visités.

jeudi 4 août 2011

11h22, Paris, France


J’ai réalisé dans cet atelier magique de Menilmontant, où la lumière est présente à chaque fois, plusieurs séries de portrait, selon un même procédé : le modèle investit l’espace et je le suis dans ses courts déplacements. Je tourne autour de lui, je m’éloigne, je me rapproche, à la levée, sans contraintes techniques ni éditoriales. Je fais cela totalement pour moi, sans savoir où cela me mène. Ca ne fonctionne jamais de la même façon, les forces de propositions ne sont jamais les mêmes et pourtant je suis touché à chaque fois par ce court abandon des sujets. C’est pour moi un cadeau sans prix. J’en profite alors pour remercier ici, chaque visage qui a, généreusement, accepté que je puisse ainsi le regarder.

vendredi 29 juillet 2011

17h00, Pantin, France


C’est toujours difficile de terminer. Parfois j’ai l’impression de piétiner, de saturer, de ne pas arriver à aller où je voudrais. Parfois j’ai l’impression de survoler les séances, de contourner mon sujet. Parfois j’ai l’impression de m’être trompé de modèles, de me rendre compte que je ne peux aller beaucoup plus loin avec lui, que je n’ai pas su m’y prendre, que l’entreprise que j’ai débutée est énorme, sans fin possible. Et puis parfois, je ressens une douce vibration qui me dit que je suis juste, à la bonne place, face à la bonne personne et que le geste que je capte est beau.

samedi 9 juillet 2011

14h55, Pantin, France



Elephant 3.0, saison 2, c'est reparti pour un tour. J'espère le final, je retrouve les mêmes décors, certains visages de l'été dernier. C'est touchant de voir comment ils ont évolué, changé un tout petit peu. Puis des nouveaux vont arriver. Prendre un an entre les deux sessions a finalement été une respiration heureuse. J'ai pu laisser travailler les images doucement, ce sont elles qui se sont manifestées. J'ai découvert des parties encore insoupçonnées du film, explorer d'autres gestes, d'autres détails, pointer ce qui manquait, ce qui était en trop, ce qu'il fallait refaire ou perfectionner. J'arrive aussi à prendre plus de libertés, déplacer des motifs d'un plan à l'autre, avoir plus de recul pour trouver une lecture des portraits plus unie, plus cohérente. Je me rends compte que les visages sont plus mélancoliques que dans le film, moins insouciants alors je me raccroche à cette phrase de Chateaubriand : plus le visage est sérieux, plus le sourire est beau.

vendredi 8 juillet 2011

20h02, Saint-Denis, France



Stade de France, meeting d'athlétisme Areva, Jump Around ! C'était comme un rêve éveillé, être au beau milieu de la concentration, de l'effort, du muscle et du relâchement, être si près de son sujet. Mes yeux ne savaient plus où s'arrêter, je me suis un peu éparpillé mais j'ai pris un plaisir fou à capter, dans ses conditions optimales, ces grands athlètes et j'ai hâte de recommencer en trouvant un dispositif sur lequel il faudra réfléchir plus rigoureusement.

samedi 25 juin 2011

15h28, Paris, France


C'est l'une de mes obsessions du moment, travailler sur l'ensevelissement, sur cette enveloppe variable qui recouvre les sujets et les paysages. Il y a bien entendu une passerelle rêvée avec le cinéma, parler du fondu.
Je veux le triturer, le décomposer, l'étirer au maximum, étudier sa mécanique.
J'ai une idée très précise de ce que je veux faire mais c'est un pari fou et coûteux, alors pour l'instant j'expérimente. L'occasion de faire une nouvelle publication et de me lancer enfin dans la reliure fait main !!! Ca s'appelle Fade into you, en souvenir ému du morceau de Mazzy star.

jeudi 16 juin 2011

14h33, Paris, France


C'est toujours compliqué de capter l'esprit d'une exposition, de respecter les oeuvres, de faire exister le dispositif avec un peu de singularité et beaucoup de sincérité. Il faut trouver la bonne place, la place juste, celle où son regard va directement vers le sujet, quitte à ce qu'il entraîne avec lui un bout de soi.


samedi 11 juin 2011

14h48, Paris, France



Encore des surprises, des gestes qui naissent beaux et qui se prolongent merveilleusement lors de la séance très familiale de Ce jour-là.
J'ai hésité à laisser le mur blanc mais finalement, c'est un écrin idéal, qui ne laisse pas trop le choix à l'oeil. La simplicité comme force centrifuge vers la posture.

vendredi 10 juin 2011

17h02, Paris, France




Retour au Grand Palais de chez Kapoor où j'ai compris qu'il fallait utiliser la bête non pas comme le sujet mais comme le décor.

ps : à revoir le Leviathan, je me dis que j'ai aussi compris ce qui me manquait : qu'il explose et que s'échappe de ses boules, l'inconnu !

lundi 30 mai 2011

13h13, Paris, France



Parfois je me demande s'il faut s'auto censurer. Se refuser de prendre certaines images. Par exemple faut-il prendre des photographies de l'installation de Anish Kapoor au Grand Palais ? Le dispositif est tellement photogénique, l'enjeu incontournable, le nombre d'images déjà produites tellement élevé ... Qu'est-ce qu'une image de plus va révéler ?
Faut-il se contorsionner pour imaginer être singulier ?
Résultat des courses : j'ai photographié, je me suis dit que peut-être la vie autour de l'objet, était aussi fort que l'objet lui-même !

dimanche 29 mai 2011

16h51, Paris, France




En pleine réflexion autour d'une nouvelle série de portraits où je voudrais décomposer une sorte de fondu au noir. Aller vers le noir par étapes et aussi interroger un dispositif de recouverte, de matière au dessus de l'image ... Alors encre ou peinture ? Bombe ou sérigraphie ? Le chantier débute ...

mercredi 4 mai 2011

10h23, Clamart, France




Je crois que le geste arrivera toujours à me surprendre. Charmante commande aujourd'hui autour d'une fratrie de 3 jeunes garçons plein d'énergie.

lundi 25 avril 2011

18h11, New-York, USA



Je n'y suis pas, mais 4 de mes images sont à New-York, dans la gallerie de Philipp et Martin, Arts and science projects (et encore visibles le week-end prochain). Les images inaugurent une nouvelle série, un mix entre montagnes et dos. Ca s'appelle La nature humaine et j'espère pouvoir en montrer quelques fragments en juin prochain à Paris.

samedi 16 avril 2011

13h48, Brighton, Angleterre



Court séjour dans la magnifique campagne anglaise du Sussex. C'est beau de partout. En soi, prendre des photographies devient souvent superflu. Je rentre avec une carte mémoire à moitié remplie, mais après Benidorm, vrai coup de coeur pour Brighton. Ca mérite, encore une fois, un nouveau voyage au ralenti et en solitaire.

samedi 9 avril 2011

12h33, Grenoble, France




Une nouvelle expérience avec Ce jour-là. Cette fois-ci il s'agit de photographier une famille de 26 personnes. Gros challenge ! Tout se passe bien même si techniquement, je galère avec une lumière naturelle qui refuse de rester en place. C'est dur et passionnant de maintenir une unité pendant 7 heures de poses ! Quoi qu'il en soit, ça reste un exercice toujours touchant. Chaque personne est très disponible, prête à se laisser un peu aller.

jeudi 7 avril 2011

15h57, Guillaumes, France



Nouveau petit séjour dans mes montagnes magiques. Je continue l'exploration méthodique des saisons. Ici, j'arrive peut-être un peu trop tôt dans le printemps qui s'ouvre à peine. J'ai du mal les premiers jours, je n'arrive pas à me démarquer des séjours précédents, puis petit à petit, la nature me guide, m'indique les chemins. Je crois finalement qu'il y aura plus un chapitrage autour des éléments que des saisons. Après la glace c'est l'eau qui jaillit qui s'impose.

lundi 21 mars 2011

21h00, Paris, France



J'ai beaucoup hésité à publier ce nouveau Zabriskiept 7. Je me suis demandé si les images étaient à la hauteur mais surtout j'ai eu un peu peur de rentrer dans un système d'édition. J'adore les publications auto produites des photographes mais je me demande de plus en plus si l'objet lui-même ne devient pas aussi important que les images. Je crains cela. Je ne veux pas que l'on me dise : oh le livre est réussi, je veux que l'on me dise, il y a une image à l'intérieur qui m'a troublé.

dimanche 13 mars 2011

16h43, Benidorm, Espagne



Benidorm c'est le Las Vegas Espagnol, un endroit totalement improbable au milieu de la Costa Blanca. Un vaisseau désuet rempli de tours seventies. C'est un jour de saison creuse, où le vent souffle fort. Il y a peu de gens dans les rues, c'est un vrai décor de cinéma. Deux constats rapides : 1 - une seule journée ici n' a aucun sens, il y a des tickets d'entrée partout et je n'ai le temps de rien, il faudra donc y revenir. 2- il est impossible de prendre les immeubles gargantuesques de la rue, je déteste de plus en plus les prises de vues en contre plongée. Je rêve d'un grand reportage ici ou ailleurs à mi-hauteur des buldings, être parfaitement au milieu d'eux.

mercredi 16 février 2011

11h30, Paris, France



Je continue l'exploration des portraits vidéo sans paroles mais avec du bruit. J'aime beaucoup l'idée de cette minute gigantesque lancée sans explications, sans marche à suivre. Ca mène vers un naturel altéré qui me plaît. Un moindre basculement d'épaule, un visage qui se tourne brusquement suffisent à me faire chavirer. Je voudrais arriver à 10 portraits masculins, puis faire la même chose avec 10 filles. Ce matin-là c'est Guillaume qui est face à moi et c'est encore plus troublant car je ne le connais pas. J'ai osé lui demander de participer au projet car il y avait dans sa présence comme une évidence. Il a accepté très vite, ça m'a conforté dans l'idée qu'il fallait encore plus faire confiance à son instinct.

mardi 8 février 2011

15h50, Valberg, France



Encore une fois, les montagnes m'ont offert un très beau spectacle, jamais définitif, toujours changeant, surprenant, riche et terriblement apaisant. Je veux, au delà du coffret Living Colors, faire quelque chose autour de ces images. Je vais tenter de revenir tout au long de l'année pour compléter l'incroyable diversité de ces paysages et explorer davantage ce lien intime qui me relie à eux. A suivre donc.

vendredi 21 janvier 2011

17h00, Paris, France



Ca fait plus d'un an que je réfléchis à cet album de famille et je crois que j'ai enfin trouvé le bon dispositif. Je viens de finaliser le vrai premier coffret et j'ai l'impression que ça marche.
L'idée n'est pas révolutionnaire mais je voulais vraiment travailler sur cette variation autour de portraits. L'idée est venue chez Richard Avedon, pour une commande des années 70 pour Time magazine je crois, où il avait photographié selon le même principe tous les hommes politiques de l'année. Il avait appelé la série "The family" et ça racontait de façon incroyable une époque, un pays.
Je voulais mixer tout cela, photographier une famille au sens large, travailler sur une unité de lieu (un même décor, simple) et surtout de temps : pouvoir se dire à un moment très précis de notre vie : je ressemble à ça et les autres membres de ma famille ressemblent à ça.

Et puis je voulais un bel objet, quelque chose de soigné, d'artisanal, des belles matières.
Je suis tellement effrayé par ces millions d'images qui dorment dans les disques durs, que je voulais ce retour en force vers le papier, pour que les portraits puissent êtres montrés et partagés dans leur plus belle expression.

Le concept s'appelle Ce jour-là.





mardi 18 janvier 2011

15h22, Paris, France



Je continue d'explorer la vidéo comme un outil de recherche.
Je tourne toujours autour du portrait en reprenant l'idée des test screens de Warhol. Je substitue la durée d'une bobine super 16 mm par une minute de film montré sans coupe et en boucle. Je ne donne pas d'indications aux modèles et je conserve le son ambiant. Je montre les portraits dans l'ordre des prises de vues, côte à côte. Il y a ici une dynamique qui m'intéresse, des micro postures qui me plaisent et que je vais sûrement utiliser pour des photographiques.
Et puis il y a ce sentiment très étrange, très proche de la photo, où je peux me dire, en filmant ces minutes, ça y est j'ai un moment fort, important, touchant, comme je pourrais me le dire en trouvant le bon cadre. A suivre et à voir le work in progress ici.

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